lundi 21 avril 2014

Pluie

Ses pas se fondent dans un brouillard de doutes. Les trottoirs, vêtus de leur éternelle parure grise, conduisent inévitablement au futur, par les routes droites ou les chemins escarpés, par les avenues bondées ou les ruelles mal éclairées. Les gouttières pleurent les dernières larmes de l’orage et la ville toute entière se retrouve piégée dans l’inquiétant vacarme des jours de pluie. L’eau se faufile partout, elle prend sournoisement en otage les pas des marcheurs pressés, s’élance des toits pour mouiller le monde à ses pieds, cours derrière les voitures dans un courant glacé. Le gris du ciel laisse peu à peu place au noir éteint de la nuit que tranche sans merci l’aveuglante lumière de la ville.

Le monde est monde même quand la vie se pare de tristesse, le monde restera monde tant que dans les cœurs coulera un dernier flot de tendresse.

mardi 15 avril 2014

Inspiration envolée

Elle s’est envolée, l’inspiration que m’ont donnée les soirs d’été. Brisée sur les rochers d’une amère solitude, elle me manque dans les longues secondes de ma langueur hivernale. Je cherche dans les flocons de nacre les mots qui ne me viennent pas. La silencieuse mélodie de la neige claire flottant dans le vent m’arrache à des pensées qui ne veulent plus de moi. Je cherche à chaque heure la clarté aiguë de mes phrases d’avant, ce fleuve de lettres qui emportait mes mains dans son courant entre les berges d’une feuille blanche.

J’aimais sentir mon cœur se vider de toutes ces douleurs que je ne savais pas dire, voir mes mains imprimer sur le papier les maux qui me rongeaient. Je savais écrire sans y songer puis tourner la page, épuisée, honteuse, heureuse et déboussolée.

mercredi 19 mars 2014

Du Fond De L'âme

Na-t-on pas un jour désiré tracer avec la précision de l’araignée brodant sa toile les contours vaporeux de l’âme ? Sans avoir à m’éloigner du monde, sans chercher non plus à capturer la beauté muette de ces secondes, j’ai vu, avec les yeux ou avec le cœur, je ne saurais le dire, mais j’ai vu la flamme de ta vie, l’essence de ton être, cette lumière invisible qui brille en chaque homme et dans laquelle se reflète ce que les sens se refusent à connaître. J’ai aperçu cette lueur diluée qui s’échappait de ton corps et caressait ta silhouette enveloppée dans la seule lumière d’un rayon de lune encore timide. J’ai vu ce que peu d’autres ont vu, connu ce que personne n’a connu. Ton âme insaisissable, cette beauté perlée qui teignait tes gestes d’une lointaine immortalité, cette écume légère et parfumée qui avait l’odeur de ton sourire et le goût de mon amour t’a enveloppée, caressant ta peau, se rendant visible à travers l’invisible, pour le seul plaisir de mes yeux.

Je te voyais rayonner comme l’astre céleste, nourrissant mes rêves et figeant mes envies. Mais toi, ni lune ni étoile, brillante comme elles mais maquillée d’une douceur fantomatique et instable, toi, tu n’étais que nuages, brume et espoirs indistinct. Toi, tu étais un coucher de soleil patiné d’ombres roses, merveilleux, éphémère et incertain. Toi, tu étais le bruit des vagues rasant le sable, violente et pourtant si douce, fraîche, irrégulière. Toi, tu étais toutes ces formes qu’on a tenté de donner à l’amour, les rimes, les poèmes lancés du bout de la plume, les déclarations, les flammes, les envies et le désir dépeint fraîchement dans l’ombre des souvenirs. Tu étais tout cela, et bien plus, l’indicible malaise des sentiments, l’incompréhension, les sensations déchaînées et cette vague impression de vérité.

Et à cet instant-là, pendant ces courtes secondes où tu n’as semblé être qu’à moi, j’ai cru pouvoir, à travers la vague clarté qui émanait de ton corps, saisir l’insaisissable et figer l’étrange mouvance de tes sens. J’ai cru appartenir avec toi au secret de cet instant, j’ai cru saisir ta main et pouvoir la garder, j’ai cru que plus jamais dans l’éphémère brouillard des jours tu ne t’envolerais. 

mercredi 5 mars 2014

Écrire ma vérité

Je pourrais écrire sur la fenêtre de cette chambre d’hôtel qui crache ses jolis rayons et les laisse caresser mes contours. Je pourrais écrire sur le ciel bleu qui berce les arbres aux couleurs chaudes allumés par le soleil. Je pourrais écrire sur les yeux de la chouette qui a plongé son regard dans le mien dans ce petit zoo de campagne.
Ecrire sur mon envie de me perdre dans le monde, un monde qui ne demande qu’à être découvert pour ce qu’il est et non pour ce qu’il apporte. Ecrire sur un voyage qui me porterait par-delà les océans, les montagnes ou les déserts. Je pourrais écrire sur un voyage imaginaire. Je pourrais mentir, inventer. Je pourrais dessiner le monde comme je l’aimerais.

mardi 25 février 2014

Oubliée

Elle secoue sa jolie tête brune pour faire tomber les larmes qui glissent mollement de ses yeux aux plis soyeux de son cou. Elle observe les gens qui passent, cet amas compact d’individualités refoulées et de désirs corrompus qui se pressent comme une seule vague sous la lumière des longs soleils électriques. Ils s’avancent tous vers un but mal défini, ignorant cruellement le petit corps radieux d’innocence qui les contemple, immobile sur un banc aux planches froides derrière lequel sanglote bruyamment une petite fontaine. Elle serre dans ses bras l’ours brun au regard triste, ce morceau de réconfort plus solide qu’une chaîne qui la rattache à la splendide insouciance de son enfance.

Puis une femme s’approche. Une femme hors du temps et de la masse, portée par un désir de maternité inassouvi et une compassion frémissante.

«  Maman m’a oubliée. », avoue la petite avec une lucidité éclairée. Elle attrape la peluche douce aux grands yeux, la femme saisi sa petite main et ils affrontent tous trois la marée d’existences qui emporte dans son flot continu les paisibles minutes de vie.

De sa grosse voix le haut-parleur recherche désespérément la maman, la jeune et jolie maman, la maman qui a disparu. Mais seul l’écho de l’insoutenable brouhaha qui se glisse sournoisement entre les rayons lui répond. Puis soudain une femme se présente, élégante, rassurée. Ce n’est pas maman. Elle a perdu ses clés, elle a une voix brouillée par l’inconnu, ce n’est pas maman. Les allées se vident, les milliers de pas s’éloignent peu à peu puis les lumières s’éteignent. Maman n’est plus là. Maintenant, l’innocent avenir de cette poupée de porcelaine qui serre tendrement son nounours en versant de belles larmes rondes glisse entre des mains étrangères et bienfaisantes. Maman n’est plus là.

jeudi 20 février 2014

La ville

Au fond du jour, la ville immobile et menteuse, étendue, sournoise dans ses gestes et brûlante de silence, opposée à elle-même par le cri de ses rues, s’agitant sans se mouvoir.
Maquillée par les dernières larmes du soleil, la ville qui se croit immortelle et rêve à la fin de son règne. La ville, plein et ronde, prête à éclater, étirant son ombre grise jusqu’au flanc des collines au souffle coupé.
Sous l’œil humide de la nuit, la ville qui refuse de s’éteindre et de ranger ses cris, la ville qui se fait vivante parmi d’épaisses nappes de sommeil, la ville désobéissante, rebelle et charmeuse, la ville et son parfum de fleurs qui brouille les relents amères de son cœur. La ville qui se cache, danse dans la lumière céleste, vit et ment pour ne pas dévoiler ses pleurs.

mercredi 12 février 2014

Escapando

Los primeros rayos de sol resbalaban despacio por las ventanas. Amanecía y el tren seguía dejando detrás de sí paisajes que las primeras luces encendían como velas perfumadas. Se despertaban los campos, los árboles se vestían de fuego y colores y en el cielo se derretían mullidas nubes.
Su primera palabra fue un suspiro, leve, ligero, que se evaporó en la atmósfera mojada de sueño del vagón.
Su primera frase se compuso de una sonrisa, una mirada empañada al chico que todavía dormía a su lado, una caricia en su mano tan suave y un beso en su frente. Fue el beso a despertarlo, como una fría gota de lluvia, y alejarle de sus sueños felices para llevarlo a una realidad más suave todavía: ella.
Llevaban juntos horas huyendos los tormentos de la ciudad. Habían dejado a sus espaldas la vida incesante, el ruido que seguía en olas desordenadas las calles y la altura de los edificios que anulaban el poder de la luz.
Iban atraversando paisajes que evolucionaban según se sumaban los kilómetros. Escapándo.

Ella abrió la ventana y llegó a sus narices un olor de grandeza, aquel olor fuerte y puro que vierte la naturaleza en el aire todavía frío de las mañanas.

Happiness in a clouded sky

Dreams. This is all it was about. Dreams, future lights in a hypothetical sky. Fading stars, attractive perfumes, bright promises.
I had a dream. Like a seed planted in the ground of my hope, it grew up, blossomed and gave me the most beautiful flower I had ever caught sight of in my garden: happiness. 
Here is the mysterious island where all my thoughts and projects were due to land. Hapiness. A mystical country of satisfaction, peace and soft lights. Happiness. Here where I am, here where I have always dreamt of landing, here where I strongly hope I can settle down forever. 

mardi 11 février 2014

Recommencer

Sous ses yeux s’étend le monde : beau comme il ne l’a jamais été, violent, déchirant, rassuré. Elle enchaîne des pas peu sûrs sur un toit au rebord fragile. Ne pas regarder en bas, mais pourquoi ? Des étoiles dansent dans sa tête. Elle l’aime, mais il s’est effacé. Elle voudrait sauter et oublier, mais ce monde ? Il est si beau, lui qui l’a nourrie jusqu’ici. Il est si grand, il lui parle, lui murmure, il éclate en sanglots de klaxons déchaînés, il pleure des larmes glacées qui s’abattent avec précision sur son visage figé. Elle pense, réfléchit, oublie. Elle oublie les pas meurtris qui l’ont portée jusqu’ici. Elle oublie son cœur déchiré, écrasé sous les brisures de la vie. Elle oublie cette envie de partir, de mourir. Elle veut vivre, oui, mais autrement, ailleurs, sans lui, sans eux, sans cette inquiétude constante qui ternit son âme et noircit son cœur.

Elle veut aimer, nettoyer ses blessures avec l’eau claire d’un amour nouveau. Elle veut cette existence colorée qui scintille dans le lointain d’un avenir qu’elle n’a pas suivi. Elle veut revivre son inconscient bonheur d’enfant, cet amour chaud du monde qui l’a bercée. Elle veut retrouver cette vie sereine ballottée au gré du vent comme les feuilles d’automne, elle veut reconquérir, simplement et sans bruit, son précieux sourire.

lundi 10 février 2014

Loin

Le monde brillait dans ses yeux, rond, lumineux. Elle avait au cœur de ses pupilles les douces promesses d’un avenir heureux. D’un avenir à nous deux, mais si loin de tout. La malice qui luisait dans son regard me l’annonçait : partir, c’était tout ce qu’elle voulait. Le monde était trop précieux, digne d’être découvert, pour un cœur si grand. Elle voulait une vie sur la route, à travers les frontières, au-delà des montagnes, loin. Elle voulait un futur dessiné par de petits cailloux blancs, un sac au dos sur les chemins de pierre, et ma main dans la sienne. Loin.

mercredi 5 février 2014

Liouba, là-bas

Le soleil fit briller une dernière fois les vitres des voitures arrêtées, puis il se coucha. Elle rêva, car le rêve était tout ce qu’il lui restait. Elle rêva au monde palpitant qui s’élevait au-delà des cloisons de pierre. Elle rêva à ce qu’aurait pu être sa vie.

Elle imagina que ce jour-là, ce jour fatal, ce jour atrocement normal et banalement prévisible à son commencement, s’était terminé aussi banalement que tous les autres. Elle imagina qu’elle ne rencontrait pas l’homme. Elle allait à l’école sans entrain, mais sans peur non plus. A l’endroit où il était apparu, il n’y avait rien. Elle continuait pour se plonger dans la normalité de cette journée, la vivre sans y penser, puis s’endormir et l’oublier.

Elle n’était pas abordée par l’inconnu en costume gris. Il ne la harcelait pas jusqu’aux portes de fer du collège avec ses promesses qui brillaient comme des pièces d’or. Elle n’était pas aveuglée par leur éclat, elle ne le suivait pas. Elle entrait simplement dans cette classe qu’elle méprisait alors et qu’elle désirait pourtant tant retrouver.

Elle ne montait pas dans la voiture noire aux vitres teintées, elle n’était pas amenée dans la pièce sombre et exigüe où se tenaient trois autres filles, plus âgées et plus maquillées. Elle ne se posait pas de questions, ne cherchait pas à savoir si vraiment l’idée de cette carrière de mannequin apparue si soudainement ne venait pas de s’envoler. Elle écoutait le professeur disséquer Pouchkine avec délectation et gribouillait sur son cahier quelques phrases attrapées au détour d’une pensée distraite.

Elle ne tremblait pas de peur devant le récit de ces femmes pas si vieilles qui tiraient devant elle le voile de mensonges dans lequel l’homme avait enveloppé la vérité. Elle n’était pas forcée à peindre son visage pâle comme elle ne l’avait jamais fait, ni contrainte de porter des vêtements que sa mère ne lui aurait jamais laissé enfiler. Cet homme si adulte à l’air si hautain ne venait pas la chercher, il ne remettait pas une somme d’argent plus élevée qu’elle n’en avait jamais vues à la plus âgée des filles qui enfilaient leurs talons dans la pénombre. Elle rentrait simplement, après les cours, dans le modeste appartement, retrouvait sa mère au sourire effacé, partageait avec elle un repas simple et le peu d’amour que le temps leur avait laissé.

Elle n’était pas conduite par l’homme dans la chambre d’un hôtel luxueux, ni dépouillée de ses vêtements et de toute l’innocence de ses 15 ans. Elle n’était pas utilisée comme un jouet par un homme soucieux de satisfaire ses désirs interdits. Elle ne souffrait pas, ne pleurait pas, n’avait pas l’impression que des dizaines de couteaux lacéraient le bas de son ventre. Elle n’était pas ramenée dans la petite pièce, en pleurs, après quelques heures. Elle n’était pas condamnée à être enfermée entre ces quatre murs gris pour une grande partie du reste de sa vie. Elle n’était pas poussée à devenir un être de la nuit, une adulte encore si jeune, ni à arpenter les trottoirs perchée sur des talons instables.

Non, dans ce rêve elle était tout simplement Liouba, l’adolescente encore peu sûre de la vie mais baignée par le regard tendre de sa mère et qui s’endormait tous les soirs en pensant aux yeux si bleus du petit voisin d’en face.

vendredi 24 janvier 2014

Danse...

Et elle danse pour celui qu’elle aime. Elle y perd toute sa tristesse et les larmes dans ses yeux. Son corps se relâche. Dans la musique, elle nage. Elle vole, bouge, saute. Elle donne au monde la beauté de ses gestes, l’énergie qui la détruit. Elle voit guérir ses pupilles rougies. Elle est légère, belle et aérienne. Des mouvements précis, fins, conduits par une subtile magie qu’elle-même ne peut pas connaître. Elle lance ses bras dans l’air mélodieux, court, tournoie. Elle laisse partir tout ce qui la raccroche au monde, ce qui l’ancre dans la réalité. Elle est libre, plus rien d’autre n’existe que son corps amaigri qui tournoie et le reflet en mouvement que le miroir renvoie. Pendant des heures, elle danse. Par la fenêtre de la salle, la lune pénètre jusqu’à elle, succédant au soleil dont les rayons se sont perdus dans la nuit.

Les étoiles l’observent suspendues dans le ciel. Elles retiennent leur souffle, admiratives, fascinées. Et elles sourient. La musique devient douce, elle glisse dans l’air chaud, sans bruit, sur le parquet qui craque. De l’énergie, elle en a encore. Toute cette force qui enserre ses pensées dans un étau doré, elle parvient à la délivrer. Elle la jette hors de son corps en dansant plus vite et plus haut encore.

Et maintenant tous les papillons de tristesse ce sont envolés. Transformés, la joie les a remplacés. Tous ses membres vibrent au son d’une douce sensation. Un picotement qui court le long de son dos, sur ses bras, dans son ventre. Des étincelles de bonheur qui la brûlent de l’intérieur. Elle a perdu pied, et maintenant, elle sourit. Son visage s’éclaire, mettant en valeur ses traits si jolis. Elle est belle, et plus encore quand elle rit. Ses dents blanches voient le monde pour la première fois depuis longtemps. Enfermées depuis tant de temps, elles peuvent enfin irradier et illuminer son doux visage.

Voilà venu le moment de la fin. Elle a réussi et n’attend plus rien. Ses peurs se sont envolées. Elle est sereine, calme et heureuse. D’un geste du doigt, elle éteint la radio qui se tait aussitôt. Elle ferme la porte, tourne la clé qui tinte dans la serrure et sort arpenter les rues d’une ville qui depuis longtemps n’existait plus. Tout est beau et paisible. Les feuilles des arbres frémissent dans la brise chaude. Le long des rues, comme les milliers d’ampoules d’une guirlande lumineuse, les réverbères tranchent la nuit sombre. Dans sa tête les papillons volent encore. Et sur ses lèvres, ce sourire qui ne s’effacera plus.

Plus tard, son lit la bercera sereinement. Les draps n’auront plus le goût d’un amour perdu. Les parfums enivrants qui l’arrachaient à ses rêves auront disparu. Et pour la première fois depuis de longs mois, elle s’endormira en paix, ne laissant danser dans sa tête que le bruit de ses rêves.

vendredi 17 janvier 2014

Demain?

Des gouttes de douleur embuent un regard triste comme le fond des océans. Elle est belle, belle pour un miroir qui ne lui renvoie qu’un visage mouillé de larmes dures. Belle et seule, unique et isolée. Inestimable et abandonnée de tous, négligée par d’autres encore, elle pleure chaque soir des larmes que personne ne pourras entendre.
Inlassable solitude qui lui colle à la peau, l’enferme, la soumet à un quotidien dont la flamme ne brille plus au loin. Un vide affreux qui cache à son regard profond toutes les promesses d’avenir. Et pourtant au fond d’elle résonne toujours cette voix comme une sentence, une tendre sentence ; tout ira mieux demain.

Et demain, c’est cet oiseau effrayé qui s’envole aujourd’hui, dispersant la magie de ses couleurs dans la nuit. Demain, c’est une promesse de bonheur éternellement reconduite. Demain est une illusion, pour elle il n’y a que des aujourd’hui, tous plus brumeux et plus gris. Pour elle il n’y a que le vent qui danse dans la pluie, le silence qui hurle à ses oreilles et la morsure de la solitude dans son cou.

samedi 11 janvier 2014

Au Bord Des Routes

Et je les écoutais, assis au bord des routes, les étoiles qui criaient, les astres qui dansaient. Et la vaste lumière d’un soir d’été m’a bercé. Je l’ai aimée, et j’ai roulé dans la poussière. Son corps sur le mien, et sur ma peau, ses mains. Sa bouche qui me caresse, la nuit a fait d’elle ma maîtresse. Enchaîné à ses sens, je balance. Elle me nuit, me sourit. Elle est belle dans le jour tombant. Elle est belle, un sourire accroché aux lèvres. Si mystérieuse, désirable. Si noble sous sa couronne blonde, elle joue. Elle m’attrape, je résiste. Je la veux, elle s’en va. Reviens ! Perle de mes nuits. Reviens ! Sourire de mon cœur.

Encore un baiser, et ses vêtements qui glissent sur sa peau brune. Lentement. Le froissement de la jupe, le cri des boutons. Le chemisier cède, elle est à moi. Dans mes bras, fée de mon âme ! Plus près, encore plus près, je te veux toi, et nous, soudés, pour toujours. Sous mes caresses glisse sa douceur. Dans nos cœurs, une étrange ferveur. Nos corps ont chaud, ils ont faim. Dans mes bras, elle gémit. Elle sourit.

Et les oiseaux qui passent rient. Ils nous voient, ils chuchotent. Quelques mots puis ils s’en vont. Seuls au milieu de tout, nous nous aimons sans arrêt, mon corps dans le sien et ses poings dans mes mains. Unies, nos formes s’emboîtent. Elle vibre, je l’aime. Elle rit, j’attrape ses lèvres de ma bouche.

Puis elle s’envole, elle frémit. Je la suis, la chaleur nous emporte. Couchés côte à côte, la nuit nous berce. Sur la fraîcheur des chemins, elle dans mes bras et moi dans les siens, souriant aux anges, enveloppés de notre amour, la lune nous veille dans le ciel gris.

jeudi 9 janvier 2014

Partir

Partir, c’était couper la tige cassée pour donner au bouton une chance de s’ouvrir. Souffrir plus encore pour enfin oser croire en l’avenir.

Ses pas résonnèrent dans le couloir de l’immeuble, une dernière fois. Elle se retourna pour regarder la porte de l’appartement, cette porte désormais fermée sur son enfance, sur son passé, sur cet avant dont elle voulait se débarrasser, une dernière fois. Elle dévala les escaliers de pierre grise, une dernière fois.

Le taxi l’attendait dans la rue calme, dans la rue enveloppée de silence, dans la rue où il n’y avait rien ni personne. Sur la route, le chauffeur et elle n’échangèrent pas une parole. Il avait appris à se taire au fil des jours et des clients peu bavards. Elle profitait de ce silence pour faire défiler tous les souvenirs qui la rattachaient à cette ville qu’elle n’avait jamais quittée. Les joies, les peines. La peur, la haine. Les revoir tous une dernière fois, puis les oublier. Pour tout recommencer.

mardi 7 janvier 2014

Le Bal Des Flocons

Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, et la blancheur infinie qu’elle parsème de ses pas légers confirme les dires des anciens.

Sous ses pieds s’étend un tapis aux reflets d‘ivoire, immaculé, encore inviolé et baigné par les vagues reflets de la lune. Un masque pur et blanc posé sur l’horreur du monde et que peut-être bientôt des gouttes de vie aux teintes pourpres et douloureuses souilleront. Le pont s’étire dans le silence des dernières heures de la nuit, paisible sous la valse des millions d’étoiles blanches qui s’affalent sur le sol dans un soupir.

Elle enjambe la barrière en écrasant ses mains sur le métal brouillé de givre qui dépose de fines morsures sur sa peau froide. La voilà au bord du vide, au bord de l’infini, encore en vie, à un pas de la mort. Prête pour le saut de l’ange. Sa dernière danse, elle l’accordera au vent. Son dernier sourire, lui, a été effacé depuis longtemps.

En contrebas, la rivière sanglote entre ses rochers acérés moulés de givre. Les arbres morts grelottent sous leur cape teintée d’argent et pleurent parfois une feuille rouge, pareille à une goutte de sang, qui coule lentement dans l’infini silence.

Un léger vertige l’étourdit, l’air froid hurle l’écho de sa tristesse. Puis un étrange brouillard éteint ses pensées, elle avance sans le vouloir, poussée dans le vide par la main glacée du destin.

Sous ses pieds, le monde s’écroule soudain. Tout tremble, la rivière devient floue, les berges disparaissent sous les vertiges. Un maigre rayon de lune transperce l’opaque atmosphère matinale, esquissant sur l’eau tremblante un long filet d’or.

Le corps fin tombe lentement dans l’au-delà, dans l’ailleurs inconnu, balancé dans les courants d’air rieurs. Les longs cheveux blonds dansent entre les flocons. Elle semble voler, la morsure du froid parsème ses joues d’éclats de framboise. Ange tombé du ciel, prête à rejoindre l’enfer, plus rien ne peut l’arrêter, la sauver, ou la consoler. Le ciel se dérobe sous ses pieds, elle ferme les yeux pour ne pas imaginer. Déjà presque morte, encore terriblement vivante, elle ne sent plus le froid, elle n’entend plus les voix.

Les secondes coulent doucement, lentes, précises, laissant filer un à un les mètres glacés qui la séparent du salut. Et toujours cette douleur qui découpe dans son cœur des lambeaux d’humanité. Puis la honte, qui vient s’y ajouter, et la peur qui se fait plus amère, plus horrifiante, et toujours incurable. Chaque couleur de ce morne tableau s’efface à ses yeux au profit de l’arc-en-ciel de sensations qui brûle sa peau.

Puis vient la fin. Un fracas indescriptible Une douleur éphémère, puis le vide devant l’éternel. Comme les branches sèches des arbres sous les baisers du vent, ses os se rompent dans un craquement aigu. Sa faible existence s’éteint comme une flamme tremblante dans les courants d’air. C’est une âme dans toute sa complexité, l’empreinte de milliards de pensées qui se fond dans l’infini et s’écoule lentement en suivant le courant des fins ruisseaux de sang qui souillent l’inoubliable pureté blanche. Morte dans cet hiver qu’elle a si souvent aimé, elle est lavée de ses hontes par les gouttes d’argent que pleure le ciel sur son dernier souffle.

Mot après mot...

Bienvenue dans mon monde, dans les délires de mon esprit, où entre coups de crayons et papier froissé tout est permis, tout est possible. 

Nouveau blog, nouvelle envole, nouveau passage secret vers les profondeurs (parfois un peu sombres...) de mon imagination.


Après des années de phrases gribouillées et de poèmes rêvés, j'ai décidé de sauter le pas et de partager avec l'infini et angoissant monde virtuel les pensées qui hantent mon esprit et mes cahiers. C'est un sentiment plutôt effrayant que celui de se mettre à nu ainsi face à un publique anonyme, invisible et inconnu... Mais j'espère que parmi la masse floue des lecteurs, certains d'entre vous partagerons mes sentiments et mes points de vue. Au final, l'écriture n'est qu'un cris silencieux que seuls recueillent les yeux et  les esprits...

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